APOLLODORE

Le retour des Grecs dans leur patrie : Ulysse et le massacre des Prétendants, la mort d'Ulysse.

Ugo Bratelli, 2004

VII, 31. Ils s’étaient installés dans le palais d’Ulysse, et ils ruinaient son bétail dans leurs festins. Pénélope fut contrainte de promettre qu’elle se choisirait un nouveau mari, lorsqu’elle aurait fini de tisser le suaire de Laërte ; cela faisait maintenant trois années qu’elle tissait, car ce qu’elle tissait pendant la journée, elle le défaisait la nuit venue. C’est ainsi que les Prétendants furent trompés par Pénélope, jusqu’à ce qu’elle fût démasquée.

VII, 32. Ayant appris ce qui se passait chez lui, Ulysse, déguisé en mendiant, alla trouver Eumée. Il se fit connaître de Télémaque, et entra dans la ville. En chemin, ils rencontrèrent le chevrier Mélanthios, l’un des serviteurs, qui les traita avec mépris. Une fois au palais, Ulysse mendia sa nourriture auprès des Prétendants ; croisant un mendiant nommé Iros, il se battit avec lui. Ensuite il révéla à Eumée et à Philoetios son identité ; avec eux et Télémaque, il mit au point un plan contre les Prétendants.

VII, 33. Pénélope donna aux Prétendants l’arc d’Ulysse -- que lui avait jadis offert Iphitos -- et elle déclara qu’elle épouserait celui qui arriverait à le tendre. Nul n’y parvint. Alors Ulysse, ayant reçu l’arc, tua les Prétendants avec ses flèches, secondé par Eumée, Philoetios et Télémaque. Il tua aussi Mélanthios ainsi que les servantes qui couchaient avec les Prétendants. Puis il se fit reconnaître de sa femme et de son père.

VII, 34. Après avoir sacrifié à Hadès, Perséphone et Tirésias, Ulysse traversa l’Épire à pied. Il arriva en Thesprotie, où, suivant en cela la prophétie de Tirésias, il offrit des sacrifices à Poséidon pour apaiser sa colère. Callidicé régnait alors sur les Thesprotes ; elle le supplia de rester et lui offrit son royaume. Ils eurent un fils, Polypoétès.

VII, 35. Après son union avec Callidicé, Ulysse régna sur les Thesprotes et vainquit les peuples voisins qui lui avaient fait la guerre. À la mort de Callidicé, Ulysse laissa le trône à son fils et revint à Ithaque. Il vit que Pénélope lui avait donné un autre fils, Poliporthès.

VII, 36. Télégonos, ayant appris de Circé qu’il était le fils d’Ulysse, s’embarqua à la recherche de son père. Arrivé à Ithaque, il pilla le bétail d’Ulysse ; celui-ci intervint pour défendre son troupeau, et Télégonos le blessa de la lance qu’il tenait à la main, dont la pointe se terminait par un piquant de raie. Ulysse mourut.

VII, 37. Quand il eut reconnu son père, après l’avoir longtemps pleuré, Télégonos transporta son corps auprès de Circé ; il y mena aussi Pénélope qu’il épousa. Circé les envoya tous deux dans l’Île des Bienheureux.

VII, 38. Certains disent que Pénélope fut séduite par Antinoos, et qu’Ulysse la renvoya chez son père Icarios. Arrivée en Arcadie, à Mantinée, d’Hermès elle aurait eu un fils, Pan.

VII, 39. D’autres disent qu’Ulysse lui-même la tua, parce qu’elle s’était laissé séduire par Amphinomos.

VII, 40. On raconte aussi qu’Ulysse, accusé par ses propres serviteurs pour ses crimes, choisit Néoptolème comme juge, qui régnait sur les îles au large de l’Épire. Et Néoptolème, imaginant qu’il se rendrait facilement maître de la Céphallénie, une fois Ulysse éloigné, condamna ce dernier à l’exil. Alors Ulysse se rendit en Étolie, auprès du roi Thoas, le fils d’Andraemon. Il épousa la fille du roi, qui lui donna un fils, Léontophonos ; il mourut à un âge avancé.

FIN


Ainsi s'achève la Bibliothèque d'Apollodore, que j'ai commencé à traduire en 2001. Sans doute ai-je évolué, et sans doute que je ne traduirais plus à présent les premières pages comme je les ai traduites alors. Question de forme. Mais si tant de temps a passé, c'est que cette traduction ne représentait pas une urgence ; seulement un impératif - celui d'y mettre un terme - dans la mesure où je l'avais entamée, et par respect pour ceux qui suivaient le feuilleton... Je les remercie de leur fidélité et de leurs encouragements.

Sans doute faudrait-il reprendre l'ensemble du texte et en homogénéiser le style ? Sans doute faudrait-il se pencher sur chaque page et y adjoindre des notes explicatives ? La Bibliothèque est assurément l'ouvrage incontournable pour ceux (très nombreux) qui s'intéressent à la mythologie grecque ; curieusement, les traductions françaises ne sont pas légion. Mais je sais trop bien où cela me mènerait de commenter l'oeuvre d'Apollodore (cf. Dictionnaire de mythologie grecque et romaine, Larousse, 2003), et j'avoue que le courage me manque -- mais aussi le temps.

Cordialement à tous, Ugo Bratelli, 11 juin 2004