APOLLODORE

La Gigantomachie...

Ugo Bratelli, 2001

Livre I, 6, 1-2

1. C'est l'histoire de Déméter[1]. Gaia, entre-temps, indignée par ce qui était arrivé aux Titans, engendra avec Ouranos les Géants. Personne n'était plus énorme qu'eux, personne ne pouvait vaincre leur force : à les regarder, ils faisaient vraiment peur, avec leurs longs cheveux hérissés et leur barbe hirsute, leur queue squameuse de serpent à la place de leurs pieds. Ils naquirent, affirment certains, à Phlégra, d'autres, par contre, disent à Pallène. Et aussitôt ils attaquèrent le ciel, avec de pesants rochers et des chênes enflammés. Leurs chefs étaient Porphyrion et Halcyonée : ce dernier était immortel, tant qu'il combattait sur la terre où il était né. C'est lui qui enleva les boufs d'Hélios, d'Érythie. Mais les dieux avaient eu une prophétie : aucun des Géants ne pourrait être tué par les Olympiens à moins qu'un homme n'intervienne dans le combat, aux côtés des dieux. Prévenue de cela, Gaia se mit aussitôt en quête d'un médicament, afin que les Géants ne puissent être détruits par un mortel. Zeus, alors, interdit à l'Aurore,  à la Lune et au Soleil de faire briller leur lumière, et le premier il cueillit l'herbe magique, et il dit à Athéna d'appeler Héraclès, qui serait leur allié. Aussitôt Héraclès atteignit Halcyoné avec ses flèches ; le Géant tomba à terre, mais au même instant il reprit vie, plus fort qu'avant. Le héros, alors, sur le conseil d'Athéna, lança Halcyoné au-delà de la terre de Pallène, et là-bas il mourut.

2. Porphyrion attaqua Héraclès et Héra. Mais Zeus lui jeta dans le coeur un désir amoureux pour Héra : le Géant arracha la tunique de la déesse et chercha à la violer, mais elle cria au secours, Zeus frappa Porphyrion avec sa foudre, et Héraclès l'acheva avec ses flèches. Quant aux autres Géants, Éphialtès fut frappé à l'oil gauche par Apollon, et à l'oil droit par une flèche d'Héraclès. Clytios fut tué par Hécate avec ses torches, ou peut-être par Héphaïstos avec du fer chauffé à blanc. Encélade tenta de fuir, mais Athéna jeta sur lui la Sicile ; elle écorcha ensuite Pallas et se servit de sa peau pour se protéger le corps dans la bataille. Polyboétès fut poursuivi sur la mer par Poséidon, et il arriva à Cos ; le dieu alors brisa un morceau de l'île et le lui jeta dessus ; aujourd'hui c'est la petite île qu'on appelle Nysiros. Hermès, avec le casque magique d'Hadès sur la tête, tua Hippolyte, et Artémis tua Gration. Les Moires tuèrent Agrios et Thoas, qui combattaient avec des gourdins de bronze. Tous les autres furent anéantis par les foudres de Zeus ; et Héraclès, avec ses flèches, donnait le coup de grâce à tous.


[1] Voir I, 5, 1-3