APOLLODORE

Acrisios, Proétos, les Proétides, Mélampous

Ugo Bratelli, 2001

Livre II, 2, 1-2

 II, 2, 1. Lyncée succéda à Danaos sur le trône d'Argos ; d'Hypermnestre, il eut un fils, Abas. Celui-ci épousa Aglaé, la fille  de Mantinée, et il eut des jumeaux, Acrisios et Proétos. Les deux bébés commencèrent à se quereller quand ils étaient encore dans le ventre de leur mère ; ensuite, devenus grands, ils se firent la guerre pour le pouvoir. Acrisos eut le dessus, et chassa Proétos d'Argos. Celui-ci, alors, se rendit en Lycie, auprès du roi Iobatès, ou peut-être Amphianax, comme certains le soutiennent. Il épousa sa fille, qu'Homère appelle Antée et les tragiques, pour leur part, Sthénébée. Le roi, son beau-père, lui donna une armée de Lyciens pour reconquérir le pouvoir, et Proétos put occuper Tyrinthe, autour de laquelle les Cyclopes édifièrent pour lui des fortifications. Les deux frères se partagèrent donc le territoire de l'Argolide : Acrisios eut le trône d'Argos, tandis que Proétos régna sur Tyrinthe.

II, 2, 2. De son épouse Eurydice, la fille de Lacédémon, Acrisios eut une fille, Danaé ; Proétos, quant à lui, eut Lysippé, Iphinoé et Iphianassa, de sa femme Sthénébée. Quand elles furent grandes, ces trois jeunes filles devinrent folles, selon Hésiode, parce qu'elles avaient refusé d'honorer Dionysos. Acousilaos, pour sa part, déclare que cela advint parce qu'elles avaient méprisé la statue de Héra. Dans leur démence, les trois sours errèrent à travers toute la région argienne, puis elles traversèrent l'Arcadie, et continuèrent leur course folle à travers des terres désolées, en proie au plus total abrutissement. Mélampous, le fils d'Amythaon et d'Idoménée (fille elle-même d'Abas), qui était un devin, et qui le premier découvrit comment soigner les maladies avec des médicaments et des purifications, s'offrit de guérir les jeunes filles en échange d'un tiers du royaume. Mais Proétos refusa de les faire soigner contre une rémunération si élevée ; la folie de ses filles s'agrava encore plus, et, avec elles, toutes les autres femmes devinrent folles : elles abandonnaient leurs maisons, tuaient leurs propres enfants, erraient par des lieux déserts. La situation avait désormais complètement dégénéré ; aussi Proétos accepta-t-il de payer le prix réclamé. Mais Mélampous, à ce stade, exigea, pour son intervention, que son frère Bias, lui aussi, reçoive une partie égale du territoire. Proétos, qui craignait qu'un nouveau délai de la guérison comporterait une rémunération plus élevée encore, se mit d'accord avec Mélampous. Et voici comment la guérison arriva : le devin fit venir un groupe de jeunes gens vraiment nobles et dignes de confiance, et, avec eux, il se mit à poursuivre les femmes, et à les ramener des montagnes jusqu'à Sicyone, avec des cris et des danses magiques. Pendant cette course-poursuite, l'aînée des sours, Iphinoé, mourut : mais les autres furent purifiées et recouvrèrent la raison. Proétos les donna en mariage à Mélampous et à Bias. Quelque temps plus tard, lui-même engendra un fils, Mégapenthès.