APOLLODORE

Bellérophon, la Chimère...

Ugo Bratelli, 2001

Livre II, 3, 1-2

 II, 3, 1. Bellérophon, le fils de Glaucos, fils lui-même de Sisyphe, avait tué par erreur son frère Déliades, ou Pirène, ou peut-être encore Alciménès, selon les diverses traditions. C'est pourquoi il était allé à la cour du roi Proétos, pour se faire purifier. Mais Sthénébée tomba amoureuse de lui, et lui envoya des messages pour lui proposer une rencontre. Le jeune homme refusa ; alors la femme alla dire à Proétos que Bellérophon avait tenté de la séduire avec des propos obscènes. Son mari la crut ; il confia à Bellérophon une lettre pour qu'il la porte à Iobatès, dans laquelle il était écrit de tuer le jeune homme. Iobatès lut la missive de Proétos, et ordonna à Bellérophon d'aller tuer la Chimère, en pensant que le monstre l'anéantirait à coup sûr. Même en se mettant à plusieurs, il n'était pas possible de la vaincre ; alors, un homme seul ! Elle avait le corps d'un lion, la queue d'un dragon, et trois têtes ; celle du milieu, c'était une tête de chèvre qui crachait du feu. Le monstre dévastait la région tout entière, et détruisait le bétail, car en une seule créature, il réunissait la force de trois bêtes féroces. On dit que la Chimère avait été élevée par Amisodaros (d'après Homère), et Hésiode raconte qu'elle était la fille de Typhon et d'Échidna.

II, 3, 2. Bellérophon enfourcha Pégase, le cheval ailé, fils de Méduse et de Poséidon ; il s'éleva dans le ciel et, d'en haut, il réussit à transpercer la Chimère de ses flèches. Après cet exploit, Iobatès lui ordonna d'aller combattre les Solymes : et Bellérophon mena également à terme cette épreuve ; une fois de plus, Iobatès lui ordonna de combattre les Amazones ; mais le jeune homme les tua également. Alors Iobatès ordonna à quelques-uns de ses sujets, choisis parmi les Lyciens pour leur valeur, de lui tendre une embuscade et de l'assassiner. Bellérophon les tua tous. Finalement, Iobatès, étonné par la force du jeune homme, lui montra la lettre de Proétos et lui demanda de rester auprès de lui : il lui accorda la main de sa fille Philonoé, et, à sa mort, il lui céda son royaume.