APOLLODORE

Héraclès : Eurypylos, Augias, Les Molions, Hippocoon

Ugo Bratelli, 2001

Livre II, 7, 1-3

7, 1. Héraclès quitta Troie et reprit la mer, mais Héra envoya une terrible tempête contre lui, ce qui provoqua la colère de Zeus : il la suspendit hors de l'Olympe. Héraclès se dirigea vers Cos ; les habitants de l'île, toutefois, pensèrent qu'il s'agissait d'un navire de pirates : ils l'empêchèrent d'approcher en le prenant pour cible avec des pierres. Mais Héraclès réussit à s'imposer par la force, et, de nuit, il s'empara de la ville : il tua le roi Eurypylos, le fils de Poséidon et d'Astypalée. Au cours de la bataille, il fut blessé par Chalcodon : mais Zeus l'emmena en sécurité, et ainsi rien ne lui arriva. Après avoir dévasté Cos, Héraclès, avec l'aide d'Athéna, arriva à Phlégra, où il combattit, aux côtés des dieux, contre les Géants.

7, 2. Peu de temps après, Héraclès réunit une armée d'Arcadiens, y joignit quelques volontaires des plus nobles familles de toute la Grèce, et fit la guerre à Augias. Le roi, ayant eu vent de l'attaque imminente d'Héraclès, nomma généraux de l'armée éléenne les jumeaux Eurytos et Ctéatos, les plus forts de leur génération, qui étaient les fils de Molioné et d'Actor, le frère d'Augias (mais on dit qu'ils étaient en fait les fils de Poséidon). Lors de l'expédition, Héraclès tomba malade : c'est pourquoi il préféra conclure une trêve avec les Molions. Mais ces derniers, quand ils apprirent qu'il était malade, attaquèrent aussitôt son armée et tuèrent de nombreux soldats. Cette fois-là, Héraclès battit en retraite ; mais quand vint le temps de la troisième fête Isthmique, et que les Éléens envoyèrent les Molions pour participer aux sacrifices, Héraclès leur tendit une embuscade près de Cléones, et les supprima. Puis il fit la guerre contre la cité d'Élis, qu'il occupa. Après avoir tué Augias et ses enfants, il rappela Phylée de son exil et lui confia le trône. Il institua aussi les Jeux Olympiques, éleva un autel à Pélops et aux six autres dieux.

7, 3. Après s'être emparé d'Élis, Héraclès mena une expédition contre Pylos. Il occupa la cité, et tua Périclymène, le plus fort des fils de Nélée, qui avait pourtant combattu en utilisant son pouvoir de se métamorphoser. Il tua aussi Nélée et tous ses autres fils, Nestor excepté, qui était encore un enfant et qui était élevé chez les Géréniens. Au cours de l'affrontement, Héraclès blessa Hadès lui-même, qui s'était porté au secours de Pylos.

Après s'être emparé de cette ville également, il monta une expédition contre Lacédémone, pour punir les fils d'Hippocoon : Héraclès était furieux contre eux, pas tellement parce qu'ils avaient combattu aux côtés de Nélée, mais surtout parce qu'ils avaient tué le fils de Licymnios. Un jour, de fait, alors que le jeune homme regardait le palais d'Hippocoon, il fut attaqué par un chien molosse ; il réussit à se défendre en lui jetant des pierres, mais les fils d'Hippocoon sortirent du palais et se mirent à frapper le jeune homme à coups de bâtons, jusqu'à le tuer. Précisément pour venger ce meurtre, Héraclès réunit une armée et marcha contre Lacédémone. Arrivé en Arcadie, il demanda à Céphée de se joindre à son armée, avec ses vingt fils. Mais Céphée redoutait une invasion des Argiens, s'il laissait Tégée, et il refusa donc de se joindre à l'expédition. Héraclès confia alors à Stéropé, la fille de Céphée, une mèche de cheveux de la Gorgone, qu'il conservait dans une urne d'airain, et qu'il avait reçue d'Athéna : si une armée attaquait la ville, lui dit-il, elle n'aurait qu'à exposer la mèche sur les remparts, à trois reprises, sans jamais regarder devant elle, et l'ennemi prendrait la fuite. Alors Céphée se joignit à Héraclès, avec ses fils. Au cours de la bataille, malheureusement, aussi bien lui que ses fils périrent ; Iphiclès mourut également, le frère d'Héraclès. Le héros tua Hippocoon et ses enfants, se rendit maître de la ville, rappela Tyndare de son exil et lui confia le trône.