Cornélius Népos (~100-25 av. J.C.)

Cornélius Népos naquit en Gaule Cisalpine, peut-être à Pavie. Il semble que très tôt il se soit rendu à Rome. Il se lia d'amitié avec Cicéron, Varron, Atticus, et Catulle qui lui dédia ses poésies:

À qui dédier ce nouveau et charmant petit livre, qu'une sèche pierre ponce vient de polir ? A toi, Cornélius, à toi qui attachais déjà quelque prix à ces bagatelles, alors que tu osas, le premier en Italie, dérouler en trois volumes toute l'histoire des âges, oeuvre savante, par Jupiter ! et laborieuse ! Accepte donc ce livre et tout ce qu'il contient, quel qu'en soit le mérite. Et toi, Vierge protectrice, fais qu'il vive plus d'un siècle dans la postérité. (Trad. Maurice Rat)

L'histoire universelle (Cronica) à laquelle Catulle fait allusion est perdue. Cornélius Népos  écrivit également des recueils d'anecdotes et d'exposés (Exempla), en cinq livres, sur les sujets les plus variés, historiques et géographiques.  Il  est également l'auteur d'un De viris illustribus, «Vies des hommes illustres» (34 av. J.C.), recueil qui comprenait quelque seize livres, et dont un seul est parvenu jusqu'à nous : Vie des grands capitaines des nations étrangères (De excellentibus ducibus exterarium gentium). Il reste également deux «Vies», celle de Caton et celle d'Atticus, et quelques «paroles» de Cornélie, mère des Gracques.

Il semble que l'intention de Cornélius Népos, à travers ses biographies, ait été d'établir un parallèle entre la culture romaine et la culture grecque ; et de montrer, plus globalement, la relativité des valeurs : ce qui est mauvais ici est bon ailleurs. La majorité des «capitaines» étant grecs, n'était-ce pas une invitation au monde romain de s'ouvrir à une autre culture ?

On a dit que Cornélius Népos n'était pas un «vrai» historien, en ce sens que sa science, ses sources n'étaient pas fiables, que les inexactitudes étaient nombreuses, qu'il n'avait sans doute jamais pris la peine de vérifier ce de quoi il parlait. Et cela est probablement vrai. Mais la «vie» de chacun de ces hommes de guerre ne doit sans doute pas se lire dans le même esprit qu'on lit Tite-Live ou Tacite. Il y a du roman dans les récits de Cornélius Népos. Certaines vies forcent l'admiration. Datame est un personnage extraordinaire, un héros digne d'Alexandre Dumas. Et même si le style de Cornélius Népos a été qualifié de «prétentieux et de plat» (Jean Bayet, Littérature latine, Armand Colin, p.272), il n'en demeure pas moins que ces histoires sont d'une agréable lecture.

Texte latin de l'oeuvre de Cornélius Népos (lien externe).