DÉMOSTHÈNE

Discours politiques

Traduction C. Poyard

Discours sur les conventions avec Alexandre

ARGUMENT DU DISCOURS SUR LES CONVENTIONS AVEC ALEXANDRE

(Date probable : 335 av. J.-C.)

La bataille de Chéronée avait livré la Grèce à la discrétion de Philippe : il avait établi une confédération de toutes les cités, à la tête de laquelle il s’était placé lui-même. Un conseil général, siégeant à Corinthe, devait se prononcer, comme arbitre, sur toutes les contestations qui pouvaient s’élever entre les villes. La paix régnait, garantie par le souverain désormais tout-puissant, et les forces de la Grèce étaient concentrées entre ses mains, pour agir contre l’ennemi séculaire, le Grand Roi. Les Athéniens, réduits à une humiliante vassalité, ne pouvaient se résigner à leur abaissement, et l’histoire nous apprend que plusieurs fois, sous le règne d’Alexandre, ils essayèrent de secouer le joug. En 335, Philippe était mort depuis un an. Son fils, Alexandre, avait dû d’abord punir les assassins de son père et rétablir l’ordre dans ses États, puis faire face à une révolte d’une partie de la Thrace et de l’Illyrie ; dans cette campagne, il courut de graves dangers et le bruit même de sa mort se répandit. C’est alors, sans doute, que fut prononcé le discours qui nous occupe. Déjà la Grèce relevait la tête ; Thèbes allait donner le signal de la rébellion ; le moment semblait propice aux Athéniens pour dénoncer les conventions imposées par la Macédoine.

L’orateur, pour mettre le bon droit de son côté, professe d’abord le respect des traités ; ce sont les Macédoniens qui les ont violés, et il énumère un certain nombre d’actes qui délient les Grecs de leurs serments. Le roi de Macédoine n’a pas le droit de substituer son bon plaisir à la loi ; l’insolence du monarque doit être châtiée. Athènes est encore prédominante sur mer ; ses flottes n’ont rien à redouter de celles de la Macédoine ; l’heure est propice. Que le peuple athénien n’hésite pas à déclarer la guerre aux violateurs des traités : c’est son droit, c’est son devoir.

Ces patriotiques conseils ne seraient pas déplacés dans la bouche de Démosthène ; mais la sécheresse de la composition et la pauvreté du style n’ont ici rien qui rappelle l’éloquence du grand orateur, et, dès l’antiquité, Denys d’Halicarnasse et Libanios refusaient d’inscrire son nom en tête de cette harangue ; c’est l’opinion qui a prévalu aussi chez les critiques modernes.

DISCOURS SUR LES CONVENTIONS AVEC ALEXANDRE

Écoutons avec déférence ceux qui nous invitent à observer fidèlement les serments et les conventions, s’ils le font de bonne foi ; rien n’est plus digne en effet des démocraties, que de maintenir les principes d’égalité et de justice. Mais il ne faut pas que ceux qui nous fatiguent de tels avis abusent de la parole, pour prétendre nous imposer tout autre chose que ce qui est l’équité. Qu’ils acceptent d’abord la discussion ; s’ils nous convainquent, nous admettrons désormais leur doctrine ; sinon, rompant avec eux, nous prêterons l’oreille à ceux qui nous montreront, sous un jour plus vrai, les voies de la justice : ainsi instruits, ou nous supporterons de notre plein gré l’injustice qui nous est faite, cherchant par là à être agréables à celui qui nous la fait souffrir [1] , ou, faisant cas par-dessus tout de l’équité, nous défendrons loyalement nos intérêts envers et contre tous, sans plus tarder.  Or, en examinant la teneur des conventions et des serments qui ont présidé à la paix générale, il est facile de voir quels sont ceux qui, jusqu’ici, les ont enfreints. C’est ce que je vais vous montrer, aussi brièvement que le permet l’importance du sujet.

Quelle est la contrainte qui vous irriterait le plus, Athéniens ? Ne serait-ce pas, en supposant que les fils de Pisistrate vécussent de notre temps, si l’on voulait nous forcer à les rappeler à Athènes [2]  ? On vous verrait courir aux armes, et affronter tous les périls, plutôt que de leur ouvrir la cité : rien ne pourrait vous décider à une telle servilité, qui vous abaisserait au rang des esclaves achetés à prix d’or, et même au-dessous ; car on ne donne pas volontiers la mort à son serviteur, tandis qu’on voit les tyrans faire périr sans jugement les citoyens, et les outrager dans la personne de leurs femmes et de leurs enfants.

Eh bien ! contrairement aux serments et aux conventions inscrites dans le traité de paix générale, Alexandre a ramené à Messène les fils de Philiade [3] , qui y avaient exercé la tyrannie. Est-ce là se soucier de la justice ? N’est-ce pas agir lui-même en tyran, et se jouer de vous et des promesses échangées ? Eh quoi ! si l’on prétendait vous faire à vous-mêmes une telle violence, votre indignation serait extrême ; mais si c’est d’autres qu’on violente, contrairement aux serments que vous avez reçus, vous ne vous mettrez pas en garde, et vous laisserez certaines gens, ici même, vous inviter à rester fidèles aux serments, tandis qu’à ceux qui les ont si impudemment violés on concéderait toute licence ! Non, il est impossible d’agir ainsi si vous voulez respecter le bon droit. N’est-il pas, en effet, stipulé dans les conventions que celui qui se conduit comme le fait précisément Alexandre est l’ennemi de toutes les cités inscrites dans le traité [4] , lui et son pays, et que tous doivent le combattre ? Si donc nous observons ce qui a été convenu, nous traiterons en ennemi celui qui rétablit la tyrannie. Ses partisans, ici présents, m’objecteront peut-être que les fils de Philiade régnaient à Messène avant que les conventions fussent établies, et que c’est pour ce motif qu’Alexandre les a ramenés : objection ridicule. Voyez, en effet, les tyrans de Lesbos [5]  : ils régnaient avant l’époque des conventions, et cependant on les a chassés, aussi bien que ceux d’Antissa et d’Erésos, parce que ce genre de gouvernement est criminel en lui-même ; et pour Messène on resterait indifférent ! mais la tyrannie y est aussi odieuse qu’à Lesbos ! — En outre la convention constate que les Grecs sont, en principe, libres et indépendants. Eh bien ! ne serait-ce pas une étrange contradiction, d’inscrire en tête des conventions cette liberté, cette indépendance, et de ne pas reconnaître que celui qui replace une cité dans la servitude viole les stipulations jurées par tous ? Il est donc nécessaire, Athéniens, pour rester fidèles aux conventions, aux traités, et pratiquer la justice, comme on vous y invite, de prendre les armes, ainsi que je vous le disais tout à l’heure, et de marcher contre les violateurs des serments, avec ceux qui voudront s’associer à vous. L’occasion, vous le savez, a quelquefois assez d’empire sur les hommes pour les faire agir au point de vue de leurs intérêts, fû-ce en dehors de la justice. Eh bien ! aujourd’hui, la justice, l’occasion [6] et l’intérêt concourent au même but ; qu’attendez-vous encore pour défendre votre propre liberté et celle des autres Grecs ?

J’en viens à un autre point de droit réglé par les conventions. Il y est stipulé que quiconque détruirait la constitution qui se trouvait en vigueur dans telle ou telle cité, à l’époque où la paix a été jurée, serait considéré comme l’ennemi de tous les peuples inscrits dans le traité de paix. Eh bien ! considérez, Athéniens, que, dans le Péloponnèse, les Achéens vivaient sous le régime démocratique ; or, à Pellène, le Macédonien a détruit le gouvernement populaire ; il a chassé de la ville la plupart des citoyens, dont les biens ont été donnés à leurs esclaves, et il y a établi un tyran, Chéron, le lutteur ! N’avons-nous pas signé la paix qui ordonne de considérer comme ennemis ceux qui commettent de tels actes ? Qu’allons-nous donc faire ? Obéirons-nous aux prescriptions qui nous engagent, et traiterons-nous Chéron en ennemi ? ou bien quelqu’un des salariés du Macédonien, enrichis en nous trahissant, aura-t-i1 l’infamie de nier les faits que j’avance [7]  ? Ils n’en ignorent nullement l’exactitude ; mais ils en sont venus à ce point d’impudence que, forts de la protection des soldats du tyran, ils vous invitent à rester fidèles aux serments, que d’autres ont violés, comme si ce prince avait seul le droit absolu de se parjurer. Ils vous forcent à enfreindre vos lois propres, en rendant à la liberté ceux que les tribunaux ont condamnés [8] , et ils vous imposent mille autres illégalités. Il n’y a là rien que de naturel : s’étant vendus eux-mêmes, pour combattre les intérêts de la patrie, ils ne peuvent se soucier ni des lois, ni des serments ; ce sont simplement des mots dont ils abusent pour duper les gens qui, dans nos assemblées, jugent à la légère, sans examen sérieux, et ne s’aperçoivent pas que, du calme actuel, naîtront de terribles catastrophes. Je me range donc, comme je le disais au début, à l’avis de ceux qui veulent qu’on reste fidèle aux conventions ; mais à une condition : c’est qu’ils ne prétendent pas, par 1à, que nous n’avons aucun grief à articuler, et qu’on peut, sans que nous y prétions attention, substituer la tyrannie au régime démocratique, et abolir les constitutions des cités [9] .

Mais voici qui est plus dérisoire encore : il est spécifié, dans les conventions, que les membres du conseil [10] , et ceux qui sont préposés à la protection des intérêts communs [11] veilleront à ce que, dans les cités inscrites au traité de paix, il ne se produise ni condamnations à mort ou à l’exil, contrairement aux lois en vigueur [12] , ni confiscations, ni partage de terres, ni abolition des dettes, ni affranchissements par mesure révolutionnaire [13] . Eh bien ! ces prétendus gardiens de la paix publique, loin de s’opposer à de tels actes, les préparent au contraire : ne méritent-ils pas la mort ? C’est à cause de la gravité de ces excès, qu’on les a établis en si grand nombre pour qu’ils les prévinssent, et ce sont eux qui les provoquent ! [14]

Je vais encore signaler une autre violation des clauses du traité. Il y est dit que toute cité, participant à la paix, ne doit pas permettre à des exilés de sortir en armes de ses murs, pour rentrer par la force dans leur patrie, si celle-ci-est une des cités signataires du traité ; sinon la ville d’où ils seront sortis sera exclue de l’accord : eh bien ! le Macédonien ne se gêne point pour prendre les armes, ou plutôt il ne les dépose jamais, et, maintenant encore, il promène de tous côtés ses soldats ; d’autant plus redoutable qu’il lui suffit de formuler un ordre pour ramener le maître de gymnastique à Sicyone [15] , ou tels autres exilés dans telles autres villes. Si donc on doit observer les conventions, comme certains [16] le déclarent ici, les cités qui agissent de la sorte [17] , sont exclues de l’accord. Quelles sont ces cités ? S’il faut cacher la vérité, gardons-nous de dire que ce sont les cités de Macédoine ; mais, puisque les gens qui servent ici le Macédonien contre nos intérêts ne cessent de nous inviter à observer les conventions, faisons ce qu’ils nous demandent, et ce qui est juste. Excluons, comme l’exigent les serments, ces cités du traité de paix, et délibérons sur la manière dont il faut traiter les despotes impudents [18] qui ne cessent de nous tendre des pièges, de nous imposer ce qu’ils violent, et se rient de la paix jurée. Comment les orateurs, nos adversaires, oseraient-ils nous dénier ce droit ? Prétendent-ils maintenir les conventions funestes à notre cité, et infirmer celles qui assurent notre salut ? Est-ce juste ? Quoi ! S’il y a dans les serments une clause favorable à nos ennemis et nuisible à Athènes, ils lui donneront toujours force de loi ; et s’il en est une équitable, et qui, en même temps, nous serve contre eux, ils croiront devoir la combattre sans relâche !

Sachez-le bien, nul Grec [19] ne vous reproche d’avoir violé aucune des conventions, mais tous vous seront reconnaissants de ce que, seuls, vous aurez dénoncé ceux qui les violent ; et pour vous éclairer mieux encore à ce sujet, je m’arrêterai quelques instants à ces attentats si nombreux. Ainsi, les conventions stipulent que les peuples signataires du traité naviguent librement, que nul ne peut les entraver, ni s’emparer d’aucun navire appartenant à un de ces peuples ; quiconque commettrait un tel acte est déclaré l’ennemi de tous les signataires de la paix. Or, Athéniens, c’est ce que vous avez vu les Macédoniens faire au grand jour ; telle est leur impudence qu’ils ont amené à Ténédos tous les navires venant du Pont-Euxin, et n’ont cessé de les épier au passage [20] , jusqu’au jour où vous avez décrété d’équiper et de mettre en mer aussitôt cent galères, sous le commandement de Ménesthée [21] . Chose étrange ! quand des fautes si graves et si nombreuses sont commises, ce ne sont pas les coupables [22] que leurs amis d’Athènes détournent de tenir une telle conduite, c’est vous qu’ils invitent à observer des conventions que d’autres ont si audacieusement enfreintes ; comme si une dernière clause accordait aux uns le droit de tout oser, et refusait aux autres le droit même de se défendre. Mais comment, en violant ainsi la loi, ne se rendaient-ils pas compte qu’un acte si grave risquait de leur enlever l’empire de la mer [23]  ? Maintenant encore, nous sommes par là autorisés à réclamer justement cet empire, le jour où nous en aurons la volonté ; car, s’ils ont cessé de commettre des attentats de ce genre [24] , il n’en est pas moins vrai qu’ils ont violé les conventions. Ils sont heureux de profiter de votre indolence, qui vous enlève jusqu’au désir d’user de vos droits [25] . Et voici ce qu’il y a de plus insultant pour nous : tandis que les autres Grecs et tous les barbares redoutent d’encourir notre haine, seuls, à votre propre tribune, ces nouveaux enrichis [26] vous contraignent à vous mépriser vous mêmes, employant à votre égard tantôt la persuasion, tantôt la violence, et vous traitant comme si vous étiez des habitants d’Abdère ou de Maronée [27] , et non des Athéniens ! Ils vous représentent comme très faibles, et vos adversaires comme très forts ; mais, à leur insu, ils reconnaissent la puissance irrésistible d’Athènes, alors qu’ils l’invitent à observer la légalité, en dépit de la légalité même [28]  ; n’est-ce pas avouer, en effet, que, si Athènes préférait agir selon ses intérêts, elle serait aisément capable de triompher de ses ennemis [29]  ? Or, c’est la vérité ; car, tant que les Athéniens peuvent, même laissés à eux seuls [30] , se dire les maîtres incontestés de la mer [31] , il leur est possible d’accroître aussi leur puissance actuelle sur terre, en s’établissant dans de nouveaux postes avancés, plus redoutables ; ils le peuvent surtout, depuis qu’une heureuse fortune a mis fin à la puissance de ces traîtres, placés sous la garde des armées du tyran, dont les uns ont péri, tandis que l’indignité des autres était démasquée [32] .

Ainsi, outre tant d’autres infractions, le Macédonien a violé effrontément le traité, pour ce qui regarde la liberté de la navigation ; mais son outrageant mépris s’est encore montré tout récemment au plus haut degré, quand un de ses vaisseaux a osé entrer dans le Pirée, contrairement aux stipulations arrêtées avec nous. Et parce qu’il ne s’agit que d’une seule galère, n’en induisez pas, Athéniens, que la question fût de peu d’importance ; c’était un essai qu’il tentait, afin, si nous le laissions faire, de revenir avec plusieurs navires, se jouant ainsi des traités plus encore que dans tous ses actes antérieurs [33] . Que ce fût là une démarche astucieuse pour nous habituer à voir de sang-froid des vaisseaux macédoniens entrer dans notre port, voici ce qui le prouve clairement : le capitaine qui a pénétré dans le Pirée, et que nous aurions dû anéantir sur-le-champ, avec sa galère, venait demander pour Alexandre l’autorisation de faire construire de petites barques dans nos ports. Ainsi, au lieu d’avoir à s’y introduire, il complotait d’y être tout établi ; et, si nous l’avions permis pour de faibles bateaux, plus tard le Macédonien y eût fait construire des galères, quelques-unes d’abord, puis un plus grand nombre. Et l’on ne peut pas dire que les bois de construction soient abondants à Athènes, puisqu’on doit les y apporter de loin et à grands frais [34] , ni qu’ils fassent défaut en Macédoine, où, au contraire, on les offre à très bas prix aux autres peuples qui en ont besoin. Mais le roi pensait que, en même temps qu’il ferait construire des navires, il pourrait en réunir l’équipage dans notre port, au mépris des conventions qui interdisent tout acte de ce genre, et étendre ainsi de plus en plus ses empiètements. Voilà comment Alexandre manifeste, sous toutes les formes, son mépris pour la ville, grâce à ses agents qui, d’ici même, l’informent de la conduite qu’il doit tenir ; c’est sur leurs avis qu’il a su combien Athènes est amollie, indolente, insouciante de l’avenir, et ne fait nulle attention à la manière dont il applique les conventions.

Or, je le répète, Athéniens, ces conventions, je vous engage à vous y conformer ; mais je vous affirme en même temps, avec l’autorité que me donne l’âge, que vous pouvez, sans encourir de reproche, revendiquer vos droits, et profiter, en toute sécurité, des circonstances favorables à vos intérêts [35] . Car, dans les conventions, je relève ce terme : « Si nous voulons participer à la paix commune », lequel implique la supposition contraire [36] . — Faut-il que, sans cesse, nous nous traînions honteusement à la remorque des autres peuples, sans nous souvenir d’aucun des nombreux titres de gloire qui nous ont illustrés, plus qu’aucune autre cité, depuis les temps les plus reculés ! Si donc vous m’y invitez [37] , Athéniens, je présenterai un décret, pour proposer, comme l’exigent les conventions, de faire la guerre à ceux qui les ont enfreintes.



[1] Alexandre. - L’orateur ne désirait guère lui plaire : la phrase est ironique.
[2] Hipparque avait été assassiné par Harmodius ; Hippias avait cherché un refuge auprès du roi de Perse.
[3] Néon et Thrasyloque, qui avaient été tyrans de Messène, au temps de Philippe, et que le parti démocratique avait expulsés, lors de la mort de ce prince.
[4] Les cités helléniques avaient été, après Chéronée, réunies en une confédération, à la tête de laquelle Philippe s’était placé les constitutions établies dans chacune d’elles devaient être maintenues.
[5] Les tyrans de Lesbos, d’Antissa et d’Erésos, aussi bien que ceux de Chios et de Méthymne, avaient été châtiés par le roi de Macédoine, parce qu’ils entretenaient des intelligences avec les Perses.
[6] Alexandre était engagé en Illyrie dans une campagne difficile, qui détournait son attention des affaires de la Grèce.
[7] Tout ce que l’orateur a rapporté sur les troubles de Messène, Lesbos et autres cités.
[8] Il s’agit de citoyens, sans doute partisans de Philippe, condamnés pour cette cause politique par les tribunaux athéniens, et graciés ensuite par l’assemblée du peuple, sur l’ordre, plus ou moins direct du roi de Macédoine.
[9] Ce qui était contraire à la teneur des conventions.
[10] Un conseil, siégeant à Corinthe, régissait la confédération hellénique.
[11] Les magistrats chargés par le conseil d’administrer les affaires de la confédération.
[12] C’est-à-dire par mesure d’exception, pour cause politique.
[13] Les affranchissements en masse : on y avait recours quand on voulait armer une troupe dévouée, dans un but de révolte.
[14] En modifiant les constitutions, et installant des tyrans.
[15] Sans doute un chef du parti macédonien, expulsé par les démocrates.
[16] Mot à mot : « ceux-ci ». L’orateur désignait ses adversaires siégeant dans l’assemblée.
[17] C’est-à-dire qui lancent des exilés contre les cités d’où ils avaient été proscrits.
[18] Le roi de Macédoine et ses partisans, qu’il avait placés à la tête des cités.
[19] Digne de ce nom, c’est-à-dire ennemi de la tyrannie macédonienne.
[20] Il s’agit de vaisseaux chargés de blé, destinés à l’alimentation d’Athènes ou d’autres pays grecs, et que les Macédoniens détournaient au passage. On n’a aucun renseignement sur ce fait de piraterie.
[21] Fils d’Iphicrate. Cette démonstration navale d’Athènes avait intimidé la Macédoine, et les navires, sans doute, avaient été restitués.
[22] C’est-à-dire les Macédoniens ou leurs alliés.
[23] Philippe s’était fait décerner l’hégémonie sur terre et sur mer.
[24] Athènes, d’après l’orateur, était autorisée, par cette violation des conventions, et par la supériorité navale dont elle avait fait preuve, à réclamer pour elle l’hégémonie, maritime.
[25] Ces droits consisteraient en ce que, les conventions qui donnent l’hégémonie maritime à la Macédoine étant frappées de nullité, pour avoir été violées, Athènes peut revendiquer
cette hégémonie sans encourir de reproche.
[26] Les Athéniens ; traîtres à leur patrie, qui recevaient des subsides de la Macédoine.
[27] Villes de Thrace, qui, aux yeux des Athéniens, ne méritaient pas autant de ménagements que leur propre cité.
[28] Ils veulent qu’Athènes, au nom du droit, respecte le traité, quand le droit exigerait, au contraire, qu’elle châtiât les violateurs de ce traité.
[29] Ce qu’ils désirent empêcher. Argument subtil, et assez mal fondé.
[30] Chaque cité se trouve maintenant isolée, toute alliance étant proscrite par la convention qu’avait imposée Philippe.
[31] Comme ils viennent de le prouver.
[32] Cette phrase surprend ; car, dans ce même discours, l’orateur s’attaque, à plusieurs reprises, aux mauvais citoyens d’Athènes, salariés par l’étranger, et dont l’influence désastreuse est si grande à Athènes.
[33] Allusion à tous les attentats que l’orateur a signalés et discutés dans ce discours.
[34] Ils venaient précisément de la Thrace ou des autres pays du Nord.
[35] L’orateur a parlé plus haut, déjà, de ces circonstances favorables : l’éloignement d’Alexandre, qui faisait campagne en Illyrie.
[36] C’est-à-dire que, si nous ne voulons pas participer à la paix commune, le traité même nous en reconnaît le droit, à nos risques et périls, et nous laisse toute liberté d’agir.
[37] Sans doute, par vos applaudissements.