Lacydès[1], fils d’Alexandros, né à Cyrène. Il fut le fondateur de la Nouvelle Académie, et le successeur d’Arcésilas. Homme d’un grand sérieux, et qui eut de très nombreux disciples. Dès sa jeunesse, et malgré sa grande pauvreté, il se mit à l’étude, et fut par ailleurs fort agréable et d’aimable fréquentation. On dit qu’il administrait sagement sa maison. En effet, quand il prenait quelque chose à l’office, en sortant il fermait et scellait la porte, puis il jetait son anneau par le trou, afin que rien de ce qu’il y enfermait ne fût pris et enlevé. Or ses domestiques, ayant appris la chose, brisaient le sceau de la porte et prenaient tout ce qu’ils voulaient, puis de la même manière, ils rejetaient l’anneau par le trou dans le cellier, et jamais on ne put les surprendre.
Ce Lacydès, quoi qu’il en soit, tenait son école à l’Académie, dans le jardin fait par les soins du roi Attale, et qui fut appelé de son nom le Lacydéion. Il fut le seul qui, de mémoire d’homme, remit la direction de l’école à un successeur. Téléclès et Évandre les Phocéens lui succédèrent. Évandre eut à son tour pour successeur Hégésinos de Pergame, et celui-ci Carnéade.
On attribue à Lacydès ce bon mot : Comme Attale lui demandait de venir le voir, il lui répondit que les images se regardaient de loin. Quelqu’un, le voyant s’adonner fort tard à la géométrie, lui demanda : « En est-il donc encore temps ? » Il lui répondit : « C’est encore bien tôt ! » Il mourut ayant commencé à tenir son école la quatrième année de la cent-trente-quatrième olympiade[2], l’ayant dirigée vingt-six ans. Il mourut d’une paralysie consécutive à une forte ivresse. Je l’ai raillé en ces vers :
La renommée m’a appris ton destin, Lacydès,
Et comme Bacchus, par les pieds te mena chez Hadès,
La chose est claire : quand Dionysos est venu en abondance dans le corps
Il délie les membres. Ne s’appelle-t-il pas le délieur ?