DIOGÈNE LAËRCE

MÉNIPPE (Cynique)

Traduction Robert Genaille, 1933

Ménippe, lui aussi philosophe cynique, était un esclave phénicien (cf. Achaïcos, Traité de Morale). Dioclès dit que son maître était un homme du Pont nommé Bâton. Il mendiait avec tant d’audace, qu’il se libéra et devint citoyen de Thèbes. Il n’a rien laissé de sérieux. Ses livres sont tout pleins de sornettes, comme ceux de Méléagre, qui était son contemporain. Hermippe nous raconte qu’il fut un grand usurier et en garda le surnom. Il fit du prêt à intérêt aux armateurs, prit des gages et accumula des trésors. Finalement, ses ennemis réussirent à le ruiner, et de dégoût, il se pendit. Je l’ai raillé en ces vers :

Phénicien d’origine, mais plutôt chien de Crète,

Prêteur à la journée, tel était son surnom,

Vous connaissez sans doute Ménippe :

Il fut à Thèbes comme un gouffre d’argent,

Mais il perdit tout, et oublieux de sa nature de chien,

Il se pendit.

Quelques-uns disent que ses livres ne sont pas de lui, mais de Dionysos et de Zopyros de Colophon, qui, pour s’amuser, les écrivirent, et les mirent sous son nom pour les mieux vendre. Il y eut six Ménippe. Le premier a écrit une histoire des Lydiens, et un résumé du Xanthus ; le second est celui-ci ; le troisième était un sophiste de Stratonice. Le quatrième était sculpteur, le cinquième et le sixième étaient peintres. Apollodore les cite tous les deux. Les livres attribués à notre philosophe sont au nombre de treize, savoir : une Descente aux enfers, des Testaments, des Lettres aux Physiciens, aux Mathématiciens, aux Grammairiens, aux Enfants d’Epicure, aux Fêtes du vingtième jour du mois célébrées par eux, etc.