DIOGÈNE LAËRCE

MONIME (Cynique)

Traduction Robert Genaille, 1933

Le Syracusain Monime, disciple de Diogène, était le valet d’un banquier de Corinthe, selon Sosicrate. Xéniade, qui avait acheté Diogène, allait souvent le voir, lui parlait de la vertu, des actes et des paroles de ce philosophe, si bien qu’il rendit Monime amoureux de lui. Sur-le-champ, simulant la folie, il prit la monnaie et l’argent de la banque, et fit tant que son maître le chassa. Il alla alors sans tarder trouver Diogène. Il s’attacha aussi beaucoup à Cratès le philosophe cynique, et à ses semblables, ce que voyant, son maître le crut encore plus fou. Il devint pourtant célèbre au point que Ménandre, le poète comique, a cité son nom. Ne dit-il pas en effet, dans une de ses pièces, nommée l’Ecuyer :

Monime fut jadis un sage, ô Philon,

Mais un peu moins illustre. — Il portait la besace ?

 — Il en portait trois, mais il n’a dit cependant

Aucune parole qui ressemble, par Zeus,

Au fameux « connais-toi toi-même » ou aux autres sages paroles ;

Et pourtant, il fut grand, ce mendiant, ce gueux,

Car il disait que tout n’est que fumée.

C’était un homme du plus grand sérieux, qui méprisait la gloire et ne recherchait que la vérité. Il a écrit des ouvrages mi-graves, mi-plaisants, deux livres sur l’Instinct et un Protreptique.