III

Évippé

De l'Euryale, de Sophocle

1. Il n’y a pas que chez Éole qu’Ulysse se conduisit comme un voyou ; mais également après ses pérégrinations, une fois qu’il eut exterminé les Prétendants, quand il se rendit en Épire à la suite de certains oracles, une fois de plus il fit des siennes en déflorant Évippé, la fille de Tyrimma, qui pourtant l’avait accueilli avec simplicité, et hébergé avec gentillesse. De cette Évippé, un fils lui naquit, Euryalos.

2. Quand l’enfant arriva à l’âge de la puberté, sa mère lui donna des signes de reconnaissance imprimés sur une tablette, et l’envoya à Ithaque. Il se trouve qu’Ulysse était absent et que Pénélope, qui se rendit immédiatement compte de la situation, et qui d’autre part était au courant de la relation avec Évippé, persuada Ulysse, arrivé sur ces entrefaites, mais avant qu’il ne comprît de quoi il retournait, de la nécessité de tuer Euryalos, comme si ce dernier fomentait un complot contre lui.

3. Et Ulysse, soit parce qu’il n’était plus maître de lui-même, soit parce qu’il n’était sûrement pas un individu équilibré, devint l’assassin de son enfant. Peu de temps après avoir accompli ce forfait, Ulysse mourut, blessé par son propre fils [1] , avec l’épine dorsale d’un turbot marin.



[1] Il est probablement fait allusion ici à Télégonos.