VII

Hipparinos

De Phanias, d'Erésus

1. À Héraclée, en Italie, Antiléon tomba amoureux d’un jeune garçon d’une beauté exceptionnelle, et d’illustre famille, nommé Hipparinos. Mais, en dépit de tous ses efforts, en aucune manière il n’était parvenu à se l’attacher. C’est pourquoi, ayant guetté le garçon qui avait l’habitude de passer beaucoup de temps dans les gymnases, il lui déclara qu’il brûlait pour lui d’un grand désir, au point qu’ils supporterait n’importe quelle souffrance, et quoi qu’il lui demande de faire, il ne manquerait pas de le réaliser.

2. Le garçon lui ordonna alors, par boutade, de décrocher, d’un lieu fortifié, et très surveillé sur l’ordre du tyran des Héracléotes, la cloche qui servait à sonner l’alarme, persuadé qu’il ne pourrait jamais mener à terme pareille entreprise.

3. Antiléon s’introduisit subrepticement dans le château, tendit un piège à la sentinelle de l’alarme, la tua puis, l’opération accomplie, il retourna auprès du jeune qui l’accueillit avec une grande bienveillance : dès lors ils s’aimèrent éperdument.

4. Mais comme le tyran était également attiré par la beauté du garçon, et qu’il était homme à le prendre par la force, Antiléon, à qui cette pensée était insupportable, recommanda au garçon de ne pas courir le risque de se refuser à lui ; cependant, il agressa le tyran alors qu’il sortait de chez lui, et le tua.

5. Après quoi, il s’enfuit en courant, et il aurait réussi à se sauver s’il ne s’était empêtré dans un troupeau de brebis attachées entre elles, où il fut capturé. C’est pourquoi, quand la cité revint à l’ancien système, les Héracléotes firent placer une statue de bronze en l’honneur des deux jeunes gens, et une loi fut votée qui interdisait à l’avenir de mener les brebis liées entre elles.