XV

Daphné

Des Élégies de Diodore d’Élée et du Livre XV de Phylarchos

1. À propos de Daphné, la fille d’Amyclas, voici ce qu’on raconte : elle ne se promenait jamais en ville, ni ne fréquentait d’autres vierges ; mais, équipée de pied en cap, et accompagnée d’une imposante meute de chiens, elle chassait souvent en Laconie, poussant même jusqu’aux montagnes du Péloponnèse. C’est pourquoi elle était chère à Artémis, qui lui avait octroyé le privilège de ne jamais manquer sa cible.

2. Comme elle parcourait la région d’Élis, Leucippos, le fils d’Oenomaos, tomba amoureux d’elle : sans recourrir à quelque autre expédient, il endossa des vêtements féminins et, ressemblant à une jeune fille, il allait à la chasse avec Daphné. Et comme il lui plaisait, Daphné ne le laissait jamais, elle était toujours à ses côtés et l’embrassait sans arrêt.

3. Apollon, qui éprouvait lui aussi du désir pour la jeune fille, était furieux ; il enviait la familiarité que Leucippos entretenait avec Daphné. Alors il insinua dans l’esprit de la jeune fille l’idée d’aller, avec d’autres vierges, prendre un bain dans la rivière. Arrivées là-bas, elles se déshabillèrent et, voyant que Leucippos refusait de les imiter, elles lui arrachèrent ses vêtements. S’étant aperçues de la tromperie, et de ce qu’il tramait, toutes ensembles elles lui lancèrent leur javelot.

4. Leucippos, toutefois, selon la volonté des dieux, disparut ; et Daphné, voyant Apollon s’approcher d’elle, s’enfuit en courant ; et comme le dieu la poursuivait, elle pria Zeus de l’enlever d’entre les humains. Et c’est ainsi qu’on la croit changée en cet arbre qui, de son nom, s’est appelé daphné.