XVIII

Néère

Du Livre I de Théophraste, La politique adaptée aux circonstances

1. Hypsicréon de Milet et Promédon de Naxos étaient de grands amis. On raconte qu’une fois, quand Promédon se rendit à Milet, Néère, la femme de son ami, tomba amoureuse de lui. Mais comme Hypsicréon était présent, le courage lui manqua d’adresser une parole à son hôte. Mais le temps passa et le hasard voulut que quand l’ami revint, Hypsicréon était en voyage. Et elle alla le retrouver dans sa chambre, la nuit, pendant qu’il dormait.

2. D’abord, elle essaya la persuasion ; mais voyant qu’il refusait de se donner à elle, par crainte de Zeus Protecteur de l’Amitié et de l’Hospitalité, Néère ordonna à ses servantes de fermer la chambre à clef et ainsi, comme elle s’adonnait à toutes sortes d’approches, Promédon fut obligé de faire l’amour avec elle.

3. Le jour suivant, Promédon, ayant pris conscience de l’horreur de son acte, s’embarqua pour Naxos. Mais Néère, aussi, par peur d’Hypsicréon, fit voile vers Naxos. Et comme Hypsicréon la recherchait, elle se réfugia comme suppliante près du foyer du Prytanée.

4. Les Naxiens, en dépit des prières insistantes d’Hypsicréon, refusèrent de la lui livrer ; ils l’autorisèrent à l’emmener uniquement s’il parvenait à la convaincre. Alors Hypsicréon, estimant qu’ils commettaient là une impiété, décida les Milésiens à faire la guerre aux Naxiens.