Philostrate

Vies des Sophistes

Traduction Ugo Bratelli, novembre 2003

Hippias d’Élis

Hippias, le sophiste d’Élis, avait une si grande mémoire que, même à un âge avancé, après avoir entendu une seule fois cinquante noms, il était capable de les rappeler dans l’ordre dans lequel il les avait entendus. Il intégrait dans ses discours des problématiques touchant la géométrie, l’astronomie, la musique et le rythme, et il s’entretenait aussi de peinture et de sculpture. Il abordait ces domaines partout en Grèce, excepté à Sparte où il exposait les différents types d’états, les colonies, les travaux, car les Lacédémoniens, dans leur volonté d’hégémonie, prenaient plaisir à [écouter] ce genre de discours. On lui attribue [1] un dialogue troyen — non un discours. Dans Troie assiégée, Nestor indique à Néoptolème, le fils d’Achille, ce à quoi il doit se consacrer s’il veut devenir un héros.

Bien plus que les autres Grecs, il participa à des ambassades pour le compte d’Élis, et jamais sa réputation ne fut entachée par des discours publics ou des lectures. Bien plus : il amassa une très grande quantité d’argent, et il fut admis dans les tribus des cités, petites et grandes. Dans l’idée de gagner de l’argent, il se rendit à Inycus, une modeste ville de Sicile, dont Platon se moque dans le Gorgias. Jouissant d’une bonne renommée même dans le restant de sa vie, il charmait les Grecs à Olympie par ses discours variés et bien étudiés. Son style n’était jamais dépouillé, mais riche et naturel, et il recourait rarement à des termes poétiques.


[1] Le doute n’est pas permis…