Le nom de Palaiphatos désigne plusieurs personnages, dont trois pourraient être chacun l'auteur du Péri apiston : Palaiphatos de Paros, Palaiphatos d'Abydos et Palaiphatos l'Égyptien ou l'Athénien. Il se pourrait également que ces trois hommes n'en forment qu'un, voyageur, qui aurait reçu son épithète suivant ses séjours ici et là. Quoi qu'il en soit, on situe l'auteur du Péri apiston dans la deuxième moitié du IVe siècle avant J.-C.
L'auteur écrit un recueil, en cinq livres, d'Histoires incroyables, dans lequel il tente de donner une interprétation rationnelle aux principaux mythes. (Sans doute aurait-il été moins équivoque de traduire le titre de l'oeuvre par A propos des récits incroyables.) Il reste 52 extraits, dont les 7 derniers sont probablement d'une autre main, et doivent être considérés comme un ajout tardif.
La manière de procéder de Palaiphatos est (presque) immuable. Il commence par présenter succinctement la légende que tout le monde connaît, déclare qu'il est absurde d'y croire, en donne les raisons, et propose son interprétation, c'est-à-dire l'événement qui est réellement arrivé - événement déformé ensuite jusqu'à l'incroyable, par les poètes ou le langage commun ; enfin il termine par une phrase brève de conclusion. Les trouvailles de Palaiphatos sont de valeur inégale : certaines sont bien vues, d'autres tirées par les cheveux (le lecteur jugera). L'ensemble n'est pas non plus exempt de contradictions internes.
Les 7 derniers textes s'écartent des précédents, et par leur style, et par leur forme. Ils racontent les mythes tels que la tradition les rapporte.
Disons-le tout de suite : Palaiphatos ne sait pas écrire. Sa prose, tordue, pullule de répétitions, fourmille d'impropriétés. Au risque de choquer certains, je n'ai pu me résoudre à conserver toutes ces maladresses. Me figurant que l'intérêt premier de Palaiphatos est de fournir une information (et non de faire de la poésie), il ne m'a pas paru absurde de livrer une traduction française un tant soit peu lisible, au détriment du style, du vocabulaire et de la syntaxe originels : le texte aura malgré tout gagné en clarté, sans perdre de son sens et je suis tenté de dire : au contraire.
Mais la hantise demeure, de tout traducteur : celle d'avoir compris de travers, et de ne pas s'en être aperçu.
Ugo Bratelli, mai 2002