J'ai écrit ce qui suit au sujet des histoires incroyables. Certains d'entre les hommes, les plus crédules, prennent pour argent comptant tout ce que l'on raconte, étant donné qu'ils ne se sont jamais préoccupés ni de sagesse, ni de connaissance scientifique ; d'autres, plus fins et plus curieux de nature, estiment au contraire que vraiment rien n'est arrivé de ce que l'on raconte dans ces histoires incroyables.
Il me semble, qu'au-delà de tout ce que l'on rapporte, il y a un événement : il n'y a pas eu de noms isolés, et il n'y a pas eu de récit à leur sujet. Au départ, cependant, il y a eu un fait, puis, logiquement, le récit le concernant. Tant de formes et tant de natures(1) ont donné lieu à une histoire ; aussi suppose-t-on qu'elles aient pu exister en un temps passé ; ces formes et ces natures, qui, dotées de ces caractérisques de nos jours n'existent pas, n'existaient pas même autrefois. Parce que si elles avaient existé en un temps ou en un autre, elles existeraient aussi aujourd'hui et elles existeront dans le futur.
J'admire les écrivains Mélissos et Lamiscos de Samos, qui disent au début de leur oeuvre : "Ce sont les choses qui déjà furent, et seront encore".
Les poètes et les prosateurs rapportèrent certains de ces événements en y mêlant l'incroyable et le merveilleux, pour provoquer l'étonnement de leurs publics.
Je sais que certaines choses ne peuvent pas être comme eux le racontent, mais j'ai aussi compris que, si elles n'étaient pas arrivées, on n'en parlerait pas.
J'ai visité de très nombreux pays, je me suis renseigné auprès des plus anciens sur ce qu'ils avaient entendu dire concernant chacun des mythes ; j'écris ce que j'ai appris d'eux. J'ai visité en personne les lieux, les conditions de chacun me sont connues ; et j'ai écrit au sujet de ces mythes, non tels qu'ils avaient été racontés, mais tels qu'ils m'ont apparu après avoir moi-même enquêté.